Piqueuse d’authenticité

Cette fois pas d’orties, de ronces ou autres piquants des haies et des jardins mais un sujet bien d’actualité qui émerveille certains et en glace d’autres, ou parfois les deux à la fois !

Je veux parler de Lya, oui celle qui nous accompagne de plus en plus dans notre quotidien qu’on en ait conscience ou non. « Regarde, je l’ai fait avec Lya » Mais qui est cette Lya que tout le monde a l’air de connaître ? Il s’agit en fait de l’I.A., cet acronyme d’Intelligence Artificielle, devenu tellement courant qu’il prend les sonorités d’un prénom familier, contemporain qui lui donne cette proximité.

Elle s’immisce petit à petit partout dans nos vies. Nous connaissions déjà un peu le fameux algorythme assez controversé de part son côté intrusif et manipulant, l’Intelligence Artificielle se permet d’aller encore plus loin: elle nous parle, nous répond, nous écoute et peut nous flatter, nous dire des mots affectueux. Elle nous facilite la vie, nous apporte des solutions simplement en tapant ou en dictant quelques mots. Elle répond à toutes nos questions, docilement. Son pouvoir est fantastique !!

Mais ne nous y trompons pas, cette créature n’est pas à notre service, elle se nourrit de nous et continue à grandir telle un parasite : plus nous la nourrissons, plus nous nous affaiblissons. Avec elle, nous perdons un peu plus d’autonomie. Cela est vrai à chaque nouvelle technologie mais l’Intelligence Artificielle franchit un cap, celui de perdre quelque chose d’essentiel à notre humanité : notre authenticité.

L’IA nous trompe, nous illusionne, nous confond, nous fait perdre nos repères. Elle nous empêche simplement d’être soi. Et être soi, c’est exister ! Est-ce que la vieille maxime philosophique de Descartes «  je pense donc je suis » est devenue obsolète ?

Prenons l’exemple d’un élève qui réalise un exposé en se servant de l’IA. L’élève est tenté de ne plus réfléchir et ce qui était pour participer à la construction de sa pensée n’est plus. L’élève devient alors le perroquet de ce que l’IA a produit pour lui. Comment les apprentissages peuvent-ils se réaliser dans ces conditions ? Où se situe la personne en tant qu’ elle-même dans ce travail ?

Voilà un usage qui pose question.

Il y en a d’autres comme le recours à l’IA pour certaines créations artistiques. Le processus de création est un processus complexe, qui peut parfois être lent et qui est issu de ce qu’est la personne (sa personnalité, son expérience, son état d’esprit, ses forces et ses faiblesses, son émotion, son intention), c’est ce qui en fait son intérêt et lui donne toute sa valeur. Remettre ce processus créatif à une machine nous fait perdre ce sens humain, authentiquement émotionnel.

Peut-être que tout cela n’est juste qu’une question de bon usage, mais la tentation de l’utiliser systématiquement peut très vite arriver car elle nous met dans un confort immédiat, et notre cerveau adore ce confort immédiat.

Bien sûr il y a aussi de nombreux arguments en faveur de l’IA !

Malgré tout, n’oublions jamais que quelque chose fait par soi-même sera toujours plus valorisant, plus satisfaisant, plus constructif que l’illusion de l’avoir fait. Notre estime de soi est la boussole de notre santé mentale et garder son authenticité en est une des garantes. L’Intelligence Artificielle est là pour répondre à des besoins économiques du toujours aller plus vite, d’être rentable. Elle n’est pas là pour répondre à nos besoins vitaux d’êtres humains où le besoin de temps nous permet d’être celui que l’on est. Je termine cet article par quelques mots du philosophe Miguel Benasayag « ce qu’il y a d’immensément plus grand d’exister que de fonctionner ». Alors continuons, de nous enthousiasmer, de créer, de penser, de réfléchir, d’exister !!

Article écrit par une intelligence imparfaite mais naturelle et authentique

Sophie

Sources :

-France Inter (2025)

– Journal L’âge de faire n°189 (novembre 2023) : « Intelligence Artificielle : qu’est-ce qu’IA ? »